Tantôt, on remet ce glorieux titre à « l’employeur », tantôt aux employé.es qui doivent être des modèles de comportements sécuritaires. Dans certains milieux, c’est le.la préventionniste qu’on coiffe de cette gênante couronne, mais en lui attribuant de bien minces moyens et pouvoirs d’action.
Une discussion l’autre jour avec mes étudiants est venue soulever également la notion de leaders formels et informels, la différence fondamentale résidant dans les obligations légales remises par le législateur.
Même si l’on apprécie toujours les « cheerleaders » et influenceurs positifs, peu importe le sujet, il est cependant indéniable que la responsabilité légale revient aux gestionnaires, peu importe leur niveau hiérarchique. Plus encore, si vous prenez une décision qui met la vie d’autrui en danger (autrui sur lequel vous avez autorité) en le sachant pertinemment; vous flirtez avec la négligence criminelle et c’est la prison que vous risquez en cas d’occurrence tragique.
Remettre ces obligations légales dans les mains de quelqu’un d’autre est non seulement lourd de conséquences, mais aussi imprudent.
À la base, votre focus devrait être sur l’élimination et le contrôle à la source des risques, tel que le préconise la Loi sur la santé et sécurité du travail. On réduit ainsi l’emphase sur les comportements sécuritaires.
De plus, si c’est l’adhésion aux mesures de prévention que vous voulez susciter, il y a d’autres moyens plus efficaces et plus conformes que vous pouvez retenir, comme des mesures de contrôle ou encore la participation des employé.es, des communications adaptées et de saines pratiques de formation.
« Faire attention » ne permet pas de répondre à vos obligations légales, je tiens à le rappeler. Si vos enquêtes et analyses d’accidents ainsi que vos procédures pointent dans cette direction, je vais vous enjoindre de retourner à votre table à dessin (et vite!).
Ben oui! Les obligations légales leur revenant et étant « rois et maitres » de leur département, ce sont eux qui devront prendre la baguette de chef d’orchestre, supportés par le département RH/SST. Rappelons-nous aussi à cet égard qu’on peut déléguer une tâche, mais pas la responsabilité.
Un rôle n’est bien assumé que s’il est bien connu, cela va sans dire. Les mots d’ordre : faciliter et conscientiser. Professionnel RH, SST ou directeur, voici donc douze actions à poser pour instaurer les conditions favorables afin d’aider vos gestionnaires à mieux assumer leur rôle de Leader SST.
1. Parlez de SST, souvent et beaucoup et de façon positive. On a envie de faire ce qui nous motive et nous paraît agréable. Oui, même en SST.
2. Précisez les rôles et responsabilités via la Politique générale SST et assurez-vous de la bonne compréhension de tous.
Sous-point 2.1: Assurez-vous que l’engagement de la haute direction est visible et tangible. Cela signifie que la Politique et ce qui en découle sont publiquement endossés par le Comité de direction, et ce, en toute circonstance. Pas jusqu’à la première bisbille, où l’on retournera par la suite à notre bonne vieille zone de confort.
3. Assurez-vous qu’ils soient formés adéquatement à leur rôle SST, en prenant soin aussi de nommer les façons de le faire, la raison d’être de ce rôle ainsi que les outils à leur portée pour y arriver. Ne les laissez pas à eux-mêmes sans repères.
4. Amenez-les de votre côté du comptoir, en ouvrant les livres, le guichet SST, les documents, etc. (dans les limites de la confidentialité exigée, il va sans dire).
5. Soyez près du plancher et présent.e lors des rencontres de production/coordination/gestion : vous pourrez ainsi défaire rapidement d’éventuels nœuds et contournements. Soyez aussi présents lors des enquêtes et lors des analyses : faites ressortir les causes et les leçons SST des événements.
6. Rendez-les autonomes dans l’exercice de leurs fonctions SST : faites-leur réaliser les risques et les actions requises, pas juste expédier le travail pour eux.
7. Lors de l’inspection, divisez la grille par département et rapportez les corrections à faire directement au gestionnaire plutôt que les prendre en charge vous-même ou au comité SST.
8. Encouragez-les à s’impliquer dans le comité SST, justement.
9. Impliquez-les dans la conception des stratégies SST et la détermination des objectifs SST. Facilitez et encouragez toutes leurs initiatives SST.
10. Mettez des indicateurs réactifs et proactifs (résultats et moyens), par département.
11. Mettez des objectifs SST dans leur propre évaluation et celles de leurs employé.es.
Qu’ils soient nouveaux ou anciens, peu importe leur niveau hiérarchique, de scolarisation ou d’expérience en SST, chaque gestionnaire est une pierre angulaire de toute stratégie SST qui vise la performance SST.
Leur compréhension de leur rôle est cruciale à la bonne marche des opérations SST.
Les pas peuvent être petits, mais les résultats finiront par être grands!
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