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Avons-nous besoin des gestionnaires?

Walid Kanzari
Walid Kanzari 4 Décembre 2024

Le rôle de gestionnaire suscite de plus en plus de débats dans le monde de l’entreprise agile et de l’auto-organisation. L’idée selon laquelle « on n’a pas réellement besoin de gestionnaires » semble, à première vue, provocatrice, mais elle mérite d’être explorée. Pourquoi remettre en question la nécessité de cette fonction? 

 

En échangeant avec certains de mes clients gestionnaires dans des secteurs bien spécifiques, tels que les technologies de l’information et le génie-conseil, j’ai perçu une prise de conscience croissante chez ces gestionnaires de l’autonomie grandissante de leurs équipes, notamment en matière d’organisation et de planification du travail. Cela les amène à se questionner sur leur rôle dans sa forme actuelle. 

 

En effet, la structure traditionnelle des entreprises, qui repose sur des modèles hiérarchiques où les gestionnaires supervisent les activités et les décisions de leur équipe, est de plus en plus remise en question par des changements organisationnels et technologiques. L’émergence des organisations agiles, du télétravail, de l’intelligence artificielle et d’une culture collaborative soulève des interrogations sur le rôle et l’utilité de ces figures de gestion. 

 

1. La montée de l’autonomie et de l’autogestion 

Dans nos entreprises, de plus en plus d’équipes fonctionnent en autonomie. Les méthodologies agiles, par exemple, sont centrées sur la collaboration et l’auto-organisation. Dans ce modèle, chaque membre de l’équipe est responsable de sa propre productivité et de ses résultats, ce qui réduit la nécessité d’un gestionnaire qui contrôle chaque aspect de l’activité. L’accent est mis sur l’autoresponsabilité, offrant aux individus la liberté de prendre des décisions et de planifier leur travail en fonction des objectifs et des priorités.  

De plus, l’intervention des gestionnaires peut parfois ralentir les processus décisionnels et créer une hiérarchie inutile. Ce modèle peut être particulièrement efficace dans les environnements créatifs où les projets innovants et la flexibilité sont primordiaux. 

 

2. Les outils numériques et l’automatisation

Les progrès technologiques ont grandement modifié les exigences liées à la gestion. Des logiciels de gestion de projet, des outils de collaboration en ligne, des plateformes de communication en temps réel et des systèmes de suivi de performance automatisés permettent aux équipes de coordonner leurs efforts de manière autonome. Ces outils offrent des niveaux de transparence et de visibilité qui permettent à chaque membre de l’équipe de suivre l’avancement des tâches, d’identifier les goulots d’étranglement et de résoudre les problèmes sans avoir besoin que quelqu’un assume un rôle de gestionnaire pour superviser chaque étape. 

 

En outre, l’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation de certaines tâches permettent de réduire le besoin de supervision humaine. Des processus répétitifs, comme la gestion des planifications ou la génération de rapports, peuvent être automatisés, libérant ainsi les équipes de certaines responsabilités administratives.  

 

 3. L’évolution des rôles et des responsabilités

De plus en plus, on observe une redéfinition des rôles au sein des équipes. Plutôt que d’avoir une hiérarchie rigide avec des gestionnaires au sommet, de nombreuses entreprises adoptent des modèles plus fluides, où la responsabilité est partagée entre les membres de l’équipe. Par exemple, dans certaines structures horizontales, chacun peut être désigné comme leader sur un sujet spécifique en fonction de son expertise, mais sans la formalisation du titre de « chef » de projet. 

 

Cela permet à chacun de jouer un rôle actif et de prendre des décisions directement en lien avec son domaine de compétence, et renforce ainsi l’engagement et la motivation. Cette approche se rapproche de la notion de leadership partagé, où la gestion n’est pas centralisée, mais répartie entre les membres d’une équipe. 

 

 

4. Les inconvénients de la gestion centralisée

Le modèle traditionnel de gestion peut présenter des inconvénients. Les gestionnaires sont souvent perçus comme des « garde-fous » et, dans certains cas, comme toxiques. Cependant, ils sont également considérés comme nécessaires pour maintenir l’ordre et coordonner les actions. Néanmoins, cette centralisation peut parfois engendrer une bureaucratie excessive, ralentir la prise de décision et démotiver les gens. Ainsi, les gestionnaires peuvent, à l’occasion, freiner l’ensemble du processus. Dans certaines situations, les gestionnaires se concentrent davantage sur des préoccupations administratives et stratégiques que sur les besoins réels de l’équipe, ce qui peut créer un décalage entre les attentes des équipes et les priorités de la direction. L’absence de gestionnaire, ou du moins d’une gestion centralisée, permet à une équipe de fonctionner plus efficacement et d’être plus agile face aux changements rapides du marché. 

 

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