En près de vingt ans de carrière en gestion de talent, j’en ai eu et vu des gestionnaires. J’en ai d’ailleurs été une moi-même, à mes débuts. Aujourd’hui, je réalise à quel point j’avais rien compris à l’art d’être gestionnaire, c’est moi qui vous le dis!
Plusieurs de ces gestionnaires avec qui j’ai travaillé et aussi coaché étaient bons. Ils avaient certes le cœur à la bonne place mais parfois, un manque de compétences. Quelques-uns étaient franchement mauvais et peu d’entre eux étaient exceptionnellement doués. Ces derniers m’ont profondément marqué et j’ai toujours un sourire quand je pense à eux. Ils m’ont donné des ailes et fait de moi la professionnelle que je suis aujourd’hui. Ils ont fait toute la différence.
Si j’ai dédié les dix dernières années à étudier les facteurs d’engagement et de performance au travail dans toute sa complexité scientifique, j’ai retenu une chose très simple: la relation qu’on a avec son gestionnaire est d’une importance capitale pour se sentir bien, être engagé et être performant au travail.
2023 a été pour moi une année particulièrement éprouvante sur le plan humain au travail où doutes, incompréhension, et parfois frustration ont fait partie de mon quotidien. Dans ma rétrospective annuelle pour préparer 2024, j’ai compris qu’être entouré d’un leader inspirant et humain peut faire toute la différence. C’est justement ce qui m’a donné envie de vous partager dans cet article, en toute humilité, mes apprentissages sous forme de conseils que peut appliquer toute personne qui envisage de prendre un rôle de gestionnaire ou en est présentement un. Je les puise dans mon expérience de professionnelle RH, mais aussi en tant qu’employée, coach et maman de trois enfants.
Quand on est gestionnaire, on doit comprendre rapidement que ce n’est pas à propos de nous mais bien à propos des autres. Si ta motivation en tant que gestionnaire est d’avoir ton heure de gloire, tu n’es clairement pas à la bonne place. Être gestionnaire, c’est un rôle profondément altruiste. Comme on le dit en anglais : « There is no I in team ».
Ton rôle, c’est de faire rayonner les autres. Chercher le crédit pour les accomplissements des membres de son équipe est hors de question. Ton crédit, ta reconnaissance, tu la recevras de ces personnes que tu as supportées et guidées dans leur rôle et défis, tes employés. Et y’a pas meilleur sentiment au monde, je t’en donne ma parole.
Comme le disait ma grand-mère, si le bon Dieu t’a donné deux oreilles et une bouche, c’est pour que tu écoutes deux fois plus que tu ne parles.
J’ai vu tellement de gestionnaires monopoliser leurs rencontres individuelles avec les membres de leur équipe. Oui, t’es là pour supporter, guider, superviser…. Mais le plus clair de ton temps devrait surtout être passé à écouter. Ton rôle est de bien comprendre les gens, ce qui les motive, les conditions dans lesquelles ils s’épanouissent et performent à leur meilleur, où ils veulent aller, etc. Tu ne peux faire ça que si tu écoutes attentivement, que tu observes et que tu apprends à les connaître sincèrement et authentiquement.
Les études de Gallup ont démontré que les gens cherchent désormais un coach et non plus un « boss ». Voici comment s’opère ce changement qui résultent en trois priorités:
1. Boss = dire aux autres quoi faire.
👉🏾 Coach = se concentrer sur l'engagement individuel et d’équipe, considérant ton rôle comme celui qui donne aux employés ce dont ils ont besoin pour réussir.
2. Boss = superviser le travail des autres.
👉🏾 Coach = comprend et maximise les talents et forces uniques de chaque employé.
3. Boss = cherche les occasions de corriger ou de réprimander les employés dont les performances ne sont pas à la hauteur.
👉🏾 Coach = Fixe des attentes et des objectifs de performance clairs, en offrant du feedback qui optimise les forces individuelles (une pratique rare, puisque seuls 26 % des employés déclarent que le feedback qu'ils reçoivent les aide à mieux travailler) et accroît l'efficacité de l'équipe.
Plein de gestionnaires souvent m’ont dit « Oui mais Julie, je n’ai pas le temps d’apprendre à connaître en profondeur chacun des membres de mon équipe, de faire des rencontres individuelles avec chacun à chaque semaine, j’ai d’autres choses à faire! ». Quand j’entends ça, je me dis que soit ils n’ont rien compris de ce qu’est leur rôle, soit il y a un problème de design organisationnel qui fait en sorte que le rôle et attentes d’un gestionnaire ont été mal définis.
En tant que gestionnaire, ton rôle #1 est de t’occuper des personnes qui forment ton équipe.
Demande-toi donc ou tu passes ton temps et dans quels buts. Les réponses que tu obtiendras pourraient te surprendre.
Dans cette posture de coach, ta priorité est d’aider les autres à trouver leur chemin et atteindre leur potentiel.
Ainsi, en lien avec mon précédent point, être gestionnaire n’est pas une sous-fonction d’un autre rôle. Ça, peu d’organisations l’ont bien compris mais surtout, peu l’ont appliqué dans leur design organisationnel.
Penses-y deux secondes : prendrais-tu deux jobs à temps plein en même temps? Je ne pense pas. Assure-toi donc de bien comprendre le rôle et les attentes d’un gestionnaire dans ton organisation avant d’accepter un rôle de gestion. Et si tu fais face à ce défi dans ton rôle de gestionnaire actuellement, soulève l’enjeu à l’équipe RH sans tarder pour clarifier le tout.
Je vois le rôle du gestionnaire comme un cultivateur de talent. C’est dur, on travaille fort, on donne beaucoup de soi et on doit souvent être très patient. Mais au bout du compte, il y a peu de choses aussi gratifiantes que de voir les membres de notre équipe apprendre, prendre conscience de leurs forces et atteindre leurs objectifs en sachant que c’est en partie en raison de votre présence, votre écoute, votre soutien, votre feedback et vos lumières. Vous aurez eu la chance d’être la boussole dont ils avaient besoin dans les moments de questionnements et de doutes. Ils vous en seront reconnaissants pour toujours, je vous en donne ma parole.
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