Et si bienveillance et rigueur allaient de pair ?

La bienveillance est une qualité humaine précieuse qui se traduit par des actions empreintes de compassion, d'empathie et de respect envers les autres. Elle se manifeste à travers des actes d'attention, d'écoute et de soutien envers les gens qui nous entourent. 

Cependant, dans les dernières années, le terme « bienveillance » a été utilisé à toutes les sauces et a parfois même été galvaudé.  

La bienveillance, au delà des mots...

De nombreuses entreprises ont utilisé le terme "bienveillance" dans leurs communications et politiques internes pour projeter une image soucieuse du bien-être de leurs employé.es. Cependant, dans certains cas, cette approche visait davantage le marketing et l’image que la transformation réelle des pratiques managériales, ce qui a suscité cynisme et méfiance auprès des membres des équipes. Également, on a souvent associé la bienveillance à de la mollesse ou de la permissivité. Les stéréotypes et les biais inconscients, souvent teintés d’expériences passées, peuvent avoir amené les individus à confondre la bienveillance avec la permissivité, surtout s’ils ont été exposés à des situations où des personnes bienveillantes ont été perçues comme inefficaces ou faibles.

Mais en réalité, la bienveillance nécessite une bonne dose de rigueur et un grand sens des responsabilités. Parfois, être une personne bienveillante veut dire prendre des décisions difficiles pour le bien d’une personne, d’un groupe ou d’une organisation. 

En entreprise, la bienveillance est une force, car cela requiert une grande ouverture d'esprit, de la patience et une capacité (et une volonté) à comprendre les autres. Être bienveillant.e n’est pas synonyme de faiblesse, dans la mesure où cela dénote une aptitude à établir des connexions authentiques avec d’autres personnes.

Le rôle des gestionnaires

Les gestionnaires qui usent de bienveillance ne tolèrent pas l’inacceptable. Faire respecter les règles, les normes ou dénoncer les comportements inappropriés peut se faire avec bienveillance. Il est possible de traiter les autres avec respect tout en maintenant des limites claires.

Également, les gestionnaires bienveillant.es peuvent être exigeant.es tout en manifestant de l'empathie et de la compréhension envers leurs collègues. La rigueur peut être mise en œuvre sans pour autant négliger l'aspect humain.

La bienveillance et le respect servent d’assises dans le cadre d’une culture d'équité, de diversité et d'inclusion (EDI). Les environnements de travail inclusifs reposent sur la reconnaissance et la valorisation de la diversité des expériences et des perspectives. Une approche bienveillante favorise la création d'un espace où chaque individu se sent non seulement valorisé, mais aussi respecté, ce qui s'avère essentiel pour favoriser l'épanouissement des employé.es. Cela nécessite une écoute active, de l'empathie et une réaction constructive face aux préoccupations et aux défis rencontrés par les membres de l'équipe.

Dans une équipe diversifiée, des comportements irrespectueux ou discriminatoires ne peuvent pas être tolérés sous prétexte de bienveillance. Au contraire, une intervention ferme pour corriger de tels comportements est nécessaire de la part des gestionnaires. Permettre de telles actions irait à l'encontre du principe même de bienveillance. 

Il en va de même pour les demandes d’accommodements. Malgré la bonne volonté des organisations à vouloir promouvoir l’équité, parfois, pour toutes sortes de raisons valables, il n’est pas possible de répondre positivement aux demandes en totalité. Une attitude bienveillante dans le cas de contraintes à l’équité, serait de discuter avec la personne concernée par la problématique à régler afin de trouver d’autres solutions que celles demandées, tout en gardant à l’esprit de combler le plus possible le manque à gagner dans les limites de l’organisation.    

La gestion bienveillante implique de soutenir à la fois le développement professionnel et personnel des membres de l’équipe sans faire de compromis sur les niveaux de performance et de productivité attendus. Cela se concrétise par de la rétroaction régulière et constructive, ainsi que par du soutien dans le développement des compétences de manière équitable prenant en compte les divers besoins des employé.es. 

Il est également important que les gestionnaires reconnaissent leurs propres limites et veillent à leur bien-être personnel. La bienveillance doit s’exercer aussi envers soi-même. L’épuisement guette les gestionnaires qui s'épuisent en cherchant à toujours faire des accommodements et à user de compréhension. Il y a un risque de perdre en efficacité. Établir des limites claires, déléguer des responsabilités et savoir dire non lorsque cela est nécessaire sont des éléments essentiels afin de pouvoir gérer de manière bienveillante.

En conclusion, la bienveillance demeure essentielle pour l’équité, la diversité et l'inclusion. Elle favorise la création d’environnements de travail où chaque individu se sent respecté, valorisé et accepté. La véritable bienveillance n'est ni permissive ni laxiste, c’est une qualité qui requiert discernement, responsabilité et empathie. Les gestionnaires ne doivent pas craindre d’adopter la bienveillance comme principe de gestion au quotidien et d’en parler. Au contraire, la bienveillance leur confère une force tranquille et respectueuse qui favorise un climat de travail sain et inclusif.