Depuis l’université, j’étudie la personnalité des gens. Êtes-vous plutôt introverti ou extraverti? Êtes-vous plutôt collaboratif ou compétitif? Êtes-vous davantage réflexif et centré sur la tâche ou bien relationnel et bienveillant?
L’être humain a besoin de comprendre l’autre pour se sentir en sécurité et entrer en relation. Il a besoin de se sentir en confiance et de savoir à qui il s’adresse. C’est viscéral. Voilà pourquoi, à mon avis, nous tentons de placer les gens dans des petites cases. Nous avons besoin d’être rassurés!
Les gens aiment généralement faire des tests psychométriques ou des évaluations de potentiel. Cependant, ils ont parfois peur des résultats, car l’exercice est un peu comme se mettre à nu. Effectivement, nous avons souvent bien hâte de voir ce que le consultant, le conseiller d’orientation ou le psychologue va découvrir grâce à nos réponses, tout cela à partir de questions qui nous paraissent banales, pas toujours pertinentes, voire ridicules.
Attention ici! Je ne critique pas les tests psychométriques, au contraire. J’aime les utiliser comme outil pour engager une conversation en gestion de carrière ou aider à la connaissance de soi. Bien évidemment, ce n’est pas « toute la vérité, rien que la vérité », qui se retrouve dans les rapports que nous produisons comme professionnels. C’est un début, une base dans un processus. Je suis profondément convaincue que mettre en lumière certains de nos traits de personnalité, nos compétences ou nos talents permet de mieux collaborer ou d’intervenir au quotidien dans notre travail. Mon point dans cet article est plutôt le suivant : je constate, avec l’expérience et à force d’entendre des gens me parler de leur évaluation de potentiel, que nos résultats sont parfois différents selon le contexte. Je m’explique.
Dernièrement, une très bonne amie m’a raconté l’histoire suivante. Nouvellement gestionnaire en poste, elle participe à une formation sur les types de personnalité et l’animateur, en début d’atelier, questionne le groupe en demandant de choisir l’une des quatre formes dessinées au tableau : un carré, un cercle, un losange et un triangle. Mon amie, qui est particulièrement cartésienne et ingénieure de formation, trouve particulièrement drôle cet exercice et se dit en elle-même : « il est bien évident que tout le monde va choisir le carré! Quelle question! »
L’animateur invite alors le groupe à partager leurs réponses individuelles. À sa grande surprise, elle est la seule à avoir choisi le carré, la majorité ayant choisi le cercle! Elle me confie qu’elle a choisi un carré, car elle se reconnaît comme plutôt pragmatique, logique et rationnelle. Elle en déduit que le reste du groupe, possédant des compétences possiblement plus relationnelles, a choisi le cercle pour cette raison. Les membres du groupe l’ont-ils choisi pour son aspect plus collaboratif ou parce qu’ils voulaient plaire à des standards actuels dans notre société? L’histoire ne le dit pas et ce n’est pas ici le but de ma réflexion. Loin de moi l’intention d’expliquer une activité que je n’ai pas vécue.
Bref, quelque temps plus tard, elle se retrouve à la tête d’une nouvelle équipe comme directrice. Une équipe particulièrement rigoureuse, concrète, intellectuelle et axée sur les processus. Une équipe qui devrait lui ressembler, quoi! Fait déconcertant : elle se fait reconnaître par ses employés pour des compétences de « cercle », des compétences humaines! « Boum! » Elle qui a toujours été valorisée pour ses forces de « carré », cette nouvelle équipe lui reconnaît maintenant des compétences opposées à ce qu’on lui a toujours dit posséder; des compétences relationnelles et collaboratives! Comme quoi on peut toujours être le cercle de quelqu’un de plus carré que nous!
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans son histoire, c’est de voir à quel point notre perception de nous-mêmes ou des autres peut changer en fonction d’où l’on se trouve et à qui l’on s’allie. Depuis toujours, on me reconnaît comme quelqu’un de doux, à l’écoute, de patient, qui aime prendre soin des gens et qui peut s’effacer, s’oublier même par moment, pour laisser la place aux autres. Dans mon ancien lieu de travail, j’étais reconnue pour ces compétences et je me faisais même reprocher parfois de manquer d’affirmation, de courage et de capacité à décider. Si vous avez suivi le fil de mes articles depuis 2018, vous savez que j’ai changé d’emploi dernièrement. Si vous vous êtes le moindrement attardés à l’auteure derrière les articles, vous avez sûrement décelé ces traits de personnalité en trame de fond de mes écrits. Mais sachez que nous avons toujours la possibilité de « faire peau neuve », sans nous dénaturer.
Effectivement, en changeant d’emploi, de nouvelles possibilités s’ouvrent à nous. C’est la page blanche (ou presque). On peut améliorer sa réputation, exploiter de nouvelles compétences, propulser sa crédibilité, se redéfinir, évoluer, s’adapter et devenir une meilleure version de soi-même. D’ailleurs, quelle ne fut pas ma surprise quelques jours après la conversation avec mon amie, lorsqu’une nouvelle collègue m’a dit que j’avais de belles capacités d’affirmation! Je ne me suis jamais perçue comme affirmative et décidée. Comme quoi mon nouveau milieu de travail m’amène à consolider certains de mes apprentissages pour combler certains angles morts de ma personnalité.
Je vous invite donc à vous poser les questions suivantes :
Ma conclusion est donc qu’il est toujours possible de moduler et de développer ses compétences en fonction du groupe de personnes avec lesquelles on collabore. Notre personnalité restera fort probablement toujours la même, mais nous pouvons nous adapter, et nous pouvons même le faire consciemment. Grâce à une bonne évaluation de potentiel accompagnée d’un professionnel, vous pourrez découvrir si vous êtes plutôt « cercle » ou « carré », « rouge » ou « vert », extraverti ou introverti (peu importe la théorie et l’auteur derrière celle-ci) afin de mettre au service de votre équipe vos compétences et vos forces en fonction du rôle que vous jouez. Dépendamment des personnes avec qui vous travaillez ou collaborez, vos compétences et vos traits de personnalité peuvent être ajustés pour mieux compléter ceux des autres membres du groupe.
Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.
Facteur H est un espace convivial de référence francophone en ressources humaines pour rester à l’affût des nouvelles tendances et trouver des solutions concrètes et applicables aux défis organisationnels d’aujourd’hui et de demain.