C’est un billet qui va vous sembler plein de rancœur. Pourtant, il a juste pour ambition de brasser un peu les choses, et de permettre une introspection, dans laquelle je m’associe.
Je suis en colère.
Je sais, il ne faut jamais écrire sous l’effet de la colère.
En fait non, je pense que je suis déçue.
Mais j’ai attendu 48 h, 72 h, 1 semaine et plus, et je le suis toujours.
Je suis déçue de toutes les attentes que nous donnons, nous les recruteurs, sur nos sites, sur Linkedin et autres médias, des promesses que nous faisons et que nous ne tenons pas. Je suis déçue de voir des entreprises crier à la pénurie de main-d’œuvre alors qu’elles font encore tout pour décourager des candidats à postuler.
Je fais la promotion de cette fonction depuis plus de 25 ans. Je reste convaincue que c’est un merveilleux métier. J’adore le pratiquer, l’enseigner, avec ses multifacettes, ses possibilités. Mais là, oui, j’ai mal à mon recruteur.
J’accompagne depuis plus d’un mois une personne nouvellement immigrée dans sa recherche d’emploi. Je pensais pouvoir l’aider, faciliter ses recherches. Finalement, c’est elle qui m’aide… à réaliser que bien des choses n’ont pas bougé.
Je l’ai référée à plusieurs recruteurs, à des contacts et à des connaissances (sans qu’ils ne le sachent pour la plupart). Nous avons parcouru des dizaines de sites carrières. Nous sommes allées sur place à des salons.
Certes, elle ne répondait pas toujours à tous les critères (et quand je dis tous les critères, la liste est parfois tellement exhaustive…). Elle avait toutefois au moins les prérequis de base.
Des sites avec des formulaires de 2 pages minimum (jusqu’à 6!), où il faut s’enregistrer, créer un mot de passe, se loguer chaque fois. Le site plante, il faut recommencer, il faut se reloguer. Et vous seriez surpris si je vous nommais le nom des entreprises. Souvent celles qui prônent une marque employeur forte!
Les recruteurs qui font l’apologie de leur côté humain, qui assurent une réponse à tout le monde, ou qui répondront à tous les appels. Et qui… eh bien, ne le font pas. Nous ne créons que des attentes, et, par ce fait, encore plus de déceptions. Notre réputation est entachée. Nous perdons toute crédibilité en tant qu’individu, mais aussi comme entreprise dans son entièreté.
De ne pas répondre à toutes les candidatures que nous recevons, par manque de temps, c’est « éventuellement » compréhensible. Mais de grâce, ne prônons pas le contraire dans nos réseaux. Tenons nos promesses, c’est tout.
On comprend qu’il y a une récurrence de recrutement sur certains postes. Mais il serait peut-être judicieux d’ajuster la date de publication. Pensons à la perception des candidats :
quoiqu’il en soit, la perception est négative.
Des processus longs et complexes, des demandes de lettre de motivation (encore?) et pour certains la demande supplémentaire d’un message à envoyer au recruteur. Et ce, même pour des postes de premier niveau.
Est-ce vraiment encore nécessaire? Quelle est la finalité d’un affichage dans le contexte actuel? D’attirer ou d’évaluer?
Plus de 7 candidatures sur 10 sans réponse. Rien. Même pas un courriel automatique. L’ignorance totale. En matière de communication, il n’y a rien de pire.
Je l’ai accompagnée dans 2 salons de l’emploi, très curieuse aussi de voir comment ils avaient évolué depuis la pandémie.
Eh bien, il y a encore des stands où les personnes présentes ne répondent pas aux visiteurs. Je vous l’assure, vu de mes propres yeux.
Et encore des exposants qui ne sont pas renseignés. On réalise que l’information est très cloisonnée. La plupart n’était pas au courant de tous les postes vacants dans l’entreprise. Il serait peut-être judicieux de le savoir non? Pourquoi venir à un salon dans ce cas?
Dans un autre cadre, un de mes neveux a commencé récemment un emploi dans un grand magasin de bricolage (grande entreprise qui crie à la pénurie et qui marche à coup de campagnes de recrutement alléchantes). Le premier jour de son intégration, il est laissé seul : aucune formation, personne pour l’accueillir sur le plancher. Tellement gêné de ne pas avoir été productif cette première journée, il appelle le lendemain pour annoncer qu’il quitte (une autre offre l’attendant ailleurs).
Et j’imagine les commentaires (typiques) du gestionnaire « cette nouvelle génération qui ne veut pas travailler et qui n’est pas fiable ».
J’aimerais dire que ce sont des cas isolés. Je devais vivre au pays des calinours pour imaginer que nous étions un peu plus avancés dans nos façons de faire. Le fameux « H to H », on « prône l’humain », on favorise « la diversité », on est « ouvert aux profils atypiques »…
Des fois, j’ai vraiment l’impression de lire de la « bullshit ».
Votre défi est-il d’attirer?
Prenez la peine d’être attractif!
Soyez votre propre candidat mystère;
Posez votre candidature chez vous, sur plusieurs postes;
Et regardez si vous vous aimez comme employeur potentiel.
Ça règlera déjà peut-être bien des problèmes.
Sandrine est formatrice sur les techniques de sourcing et nouvelles technologies appliquées au recrutement, consultante en recrutement pour les grandes entreprises, les PME et les OBNL. Elle est blogueuse et organisatrice de #trumontreal, « non » conférence sur le recrutement à Montréal (10e édition en 2022).
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