Entrevue avec Jany Bell, DRH du Cégep de Limoilou
Dans cette entrevue, je suis allée à la rencontre de Jany Bell, directrice des ressources humaines (DRH) du Cégep de Limoilou. L’ayant connue dans une autre organisation, ma première question a été : « Jany, qu’est-ce qui a amené ce changement d’organisation? » Anciennement chez Métro et à l’Autorité des marchés financiers (AMF), c’est sa volonté de contribuer à un environnement éducatif stimulant et dynamique, ainsi que le plaisir de côtoyer des jeunes qui l’inspirent, qui l’ont amenée à poursuivre dans cette institution. Elle a été attirée par la mission du cégep, qui est de « provoquer des réussites » et de contribuer à former de futurs citoyennes et citoyens engagés. Le dynamisme de l’institution et l’engagement du personnel qui la compose lui apportent une satisfaction professionnelle qui la comble et qui donne un sens à son travail.
Initialement inscrite en économie à l’Université de Montréal, Jany a été attirée par les relations industrielles après avoir suivi un cours d’introduction dans son cursus, qui a éveillé son intérêt pour les interactions humaines et les dynamiques de travail. Ce virage lui a permis de découvrir une nouvelle passion, la conduisant à obtenir un baccalauréat en relations industrielles à l’Université Laval.
En ressources humaines, un constat s’impose : la vitesse avec laquelle les changements se présentent et le fait qu’il faut s’adapter aux transformations organisationnelles constantes et fréquentes. Jany met l’accent sur l’importance de la gestion proactive du changement – particulièrement sur tout ce qui touche aux répercussions humaines – et sur une communication claire et soutenue par des formations, soulignant que l’humain doit toujours être au centre des préoccupations.
Selon Jany, un des « angles morts » des organisations actuelles est le développement des compétences. Elle affirme que négliger cet aspect peut freiner l’innovation et la compétitivité. Investir dans la formation du personnel est pour elle un levier stratégique qui favorise non seulement la fidélisation des talents, mais aussi l’attractivité et la performance organisationnelle. Au Cégep, plusieurs initiatives sont déjà en place pour le développement des compétences. Avec son équipe, Jany travaille à peaufiner ces programmes, notamment en ce qui concerne le développement du leadership. Elle souligne l’importance de soutenir les gestionnaires, qui doivent souvent porter les décisions stratégiques auprès de leurs équipes.
Dans son rôle, Jany se voit comme un partenaire stratégique au sein du comité de direction, des directions et de son équipe, apportant des conseils éclairés pour atteindre les objectifs stratégiques. Au cours des prochains mois, elle souhaite continuer de mettre en avant son expérience en développement organisationnel pour entreprendre des projets innovants et collaboratifs qui font partie des priorités organisationnelles. Elle souligne aussi l’importance de maintenir un dialogue porteur avec les syndicats, tout en favorisant des consultations régulières afin de garantir une collaboration constructive et harmonieuse.
Jany évoque également l’importance des « leaders de l’ombre », ces personnes discrètes, mais essentielles qui soutiennent et inspirent leurs collègues sans chercher la reconnaissance. Elle souligne qu’il est crucial de valoriser ces contributions pour créer un environnement de travail harmonieux. Par ailleurs, bien que l’expérience employé soit déjà une priorité, elle souhaite également s’attarder à l’expérience gestionnaire. Elle souhaite reconnaître à leur juste valeur ces personnes qui constituent le liant entre la direction et les membres de leur équipe.
Lorsqu’on travaille pour une organisation gouvernementale, la reddition de comptes peut parfois être lourde, ce qui accapare le temps et les ressources des équipes. Elle plaide pour une approche qui équilibre les obligations de conformité (reddition de comptes) avec les actions qui créent de la valeur pour les organisations.
Jany partage sa passion pour deux ouvrages en ressources humaines : Libérer la motivation : avec la théorie de l’autodétermination de Jacques Forest, qui met en lumière de façon simple trois besoins psychologiques fondamentaux. Lorsque les leaders mettent cela en action, ils créent de la valeur au sein de leurs équipes et pour leurs collègues, et c’est toute l’organisation qui en bénéficie.
L’autre recommandation de Jany est le livre de Jean-François Bertholet, Le Sentiment d’injustice en entreprise : anticiper pour assurer la performance, coécrit avec Marie-C. Gaudet. Ces lectures l’ont influencée en mettant en lumière des concepts essentiels pour un leadership mobilisateur et juste.
Lorsqu’on interroge Jany sur les personnes marquantes de son parcours, elle mentionne un mentor qu’elle a eu il y a quelque temps. Cela dit, elle décrit son équipe comme une source de motivation. La complémentarité des compétences au sein de son équipe et l’importance de l’intelligence collective dans la prise de décision sont des éléments qui la poussent à se dépasser. C’est auprès de son équipe qu’elle puise toute son inspiration!
L’entrevue avec Jany permet de révéler une passionnée du développement dans un environnement éducatif positif et dynamique. Sa vision pour le Cégep de Limoilou, son approche humaine des RH, la façon dont elle perçoit son rôle, et son respect pour les contributions discrètes, mais essentielles de ses collègues en font une leader d’intérêt.
Son énergie et son authenticité conjugués à son expérience probante en gestion en font une consultante et une conférencière recherchée.
Facteur H est un espace convivial de référence francophone en ressources humaines pour rester à l’affût des nouvelles tendances et trouver des solutions concrètes et applicables aux défis organisationnels d’aujourd’hui et de demain.