Combien sommes-nous, RH ou coachs, ou consultants à proposer avec cœur des démarches et d’avoir comme élément de réponse que c’est très intéressant, que c’est effectivement attirant, mais « je n’ai pas le temps. » Ce n’est pas une réponse polie, c’est simplement que les personnes n’ont effectivement pas le temps. Même si ce n’est qu’un ressenti, c’est comme si c’était vrai.
Quoi de pire que de ne pas pouvoir aider quelqu’un qui peut l’être par manque de temps?
Devant ce sentiment d’impuissance, le premier réflexe est de trouver une explication. Tout y passe : le digital, les 35 heures, le management non agile, la hiérarchie. Avec pour conséquence de surcharger encore plus le mental et de diminuer son envie d’aider et d’accompagner l’autre pour aboutir à une forme de sinistrose qu’il est de bon ton de compenser par de la suractivité. Cette suractivité permet au moins de partager le même sort et d’être plus proche de nos clients, mais ça ne fait pas avancer nos sujets.
Il est très intéressant de ne pas faire de « je n’ai pas le temps » une affaire de personne. Il est vrai que dans beaucoup d’organisations en France, les effets de la reprise des activités se font ressentir et tout d’un coup, le « downsizing » en hommes et en équipements, le surcontrôle deviennent inadaptés et insupportables. Après la « drôle de guerre », où chacun fourbissait ses armes, la guerre de mouvement est revenue en force et se manifeste d’abord sur les ressources et en premier lieu le recrutement. Certes, mais une fois qu’on a dit ça…
Je propose plutôt d’écouter réellement les personnes qui n’ont pas le temps :
Écouter leur difficulté à s’évaluer sur l’échelle de « je n’ai pas le temps » tellement il est convenu de ne pas toucher terre (ce qui pourrait sauver un jour la planète) et tellement les personnes finissent par ne plus connaître leurs limites (ce qui pourrait être une cause essentielle des burn-out). En ce sens, leur proposer des outils simples pour savoir exprimer leur réalité de « je n’ai pas le temps ».
Écouter leur manque d’intérêt quand les personnes estiment que ce qu’on leur propose n’est qu’un pansement, qui au mieux peut les soulager ou les distraire, mais qui ne va pas traiter les causes ou modifier un élément de ce système « je n’ai pas le temps ». C’est une saine exigence.
Écouter leur demande d’avoir des outils simples. Comment peut-on proposer des outils sophistiqués à des personnes qui sont en mode dégradé, à qui l’on demande de fonctionner « au mieux » et au prix d’efforts importants? Si un coaching ne comprend qu’une ou deux séances réussies, si l’on peut traiter plusieurs sujets en mode codéveloppement plutôt qu’un, si l’on peut faire l’économie de technique d’analyse des personnalités complexes, est-ce si grave par rapport à « je n’ai pas le temps »?
Écouter le sujet de compétences qui s’exprime à travers « je n’ai pas le temps ». « Je ne sais pas m’organiser par rapport à l’infobésité, par rapport à un mode projet, par rapport à une diversité des profils, des modes de collaboration ». Cela mérite d’être entendu pour apporter des réponses simples, créer des routines qui font économiser de la charge mentale et du temps.
Enfin, écouter le besoin de leadership, d’être guidé, orienté sur une piste à travers laquelle ils voient qu’il y a une solution possible à « je n’ai pas le temps », qu’on veut et qu’on peut contrôler cette fuite du temps qui peut rendre leur vie professionnelle digne d’une course poursuite!
François Chauvin intervient comme formateur, conseil et coach et est expert du réseau Germe.
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