L’automne s’amorcera fort probablement en télétravail pour une majorité d’équipes ayant adopté ce type d’organisation du travail au plus fort de la pandémie. La quatrième vague aura assurément l’effet de retarder la mise en place du mode de gestion hybride que nous envisagions au tout début de l’été. D’une certaine manière, c’est une bonne chose puisqu’elle permettra de mieux planifier ce nouveau changement.
Après avoir pris le temps de réfléchir à cette nouvelle organisation du travail à haut niveau (voir article précédent : Vers un mode hybride d’organisation du travail, par Mario Côté (facteurh.com), il est maintenant temps pour les gestionnaires de repenser certaines de leurs pratiques et de repenser les principaux défis que posera le mode hybride:
Premier défi : Croire qu’il n’y a pas de changement
Certains gestionnaires aiment croire que leur style de gestion unique convient à toutes les situations. Ils ont souvent négligé leurs communications, allant même jusqu’à annuler les réunions, puisqu’il leur était impossible de réunir leurs équipes en présence. Ces mêmes gestionnaires ont aussi, bien souvent, omis de s’intéresser aux technologies qui leur permettraient d’améliorer la collaboration malgré la distance, en se disant qu’un jour tout reviendrait à la normale.
Or, le marché du travail est en transformation. Ces leaders immobiles, dans ce monde en mouvement, nuisent à la performance de leurs équipes et de leur organisation. Leur premier défi consistera donc à prendre la mesure du changement! Sans acceptation de cette réalité, ils ne pourront pas gérer adéquatement la transition vers la gestion en mode hybride. Ce premier défi touche évidemment directement les gestionnaires concernés, mais également leurs organisations qui devront trouver le moyen de les accompagner pour qu’ils opèrent les changements souhaités.
Second défi : Optimiser les communications
À ce chapitre, nous avons eu la chance de découvrir de nouveaux moyens de communication en télétravail au cours des premières phases de la pandémie. Le défi consistera maintenant à se doter, en équipe, d’une meilleure structure de communication et surtout, SURTOUT, à éliminer l’infobésité; vous savez, ces messages qui prennent 4 canaux de communications différents en même temps et qui rejoignent tout le monde alors qu’ils ne s’adressent qu’à quelques individus!
Troisième défi : Trouver un temps de qualité convenable pour chaque membre de l’équipe
Pour plusieurs gestionnaires, ce sera un défi de taille. Certains, en effet, doivent mettre la main à la pâte, en accomplissant une partie du travail fait par l’équipe, tout en gérant l’équipe. Quand le gestionnaire rencontre des clients, fait de l’analyse de données ou de la résolution de problèmes complexes (toutes des tâches souvent où il excelle), il devient facile d’oublier qu’il y a une équipe à gérer. Il est encore plus facile d’oublier ceux et celles en télétravail qu’il verra moins souvent au bureau et ce serait une GRAVE erreur! En n’accordant aucun temps de qualité à ce groupe de collaborateurs, le gestionnaire ne peut pas contribuer à leur intégration au sein de l’équipe, à leur développement, à leur mobilisation, à l’appréciation de leur contribution, à leur soutien, à leur identification à titre de relève potentielle, et à leur fidélisation! Voyez-vous la gravité de la situation en contexte de pénurie de main-d’œuvre?
D’autres gestionnaires gèrent un grand nombre de collaborateurs. « Comment veux-tu que j’accorde du temps de qualité, tenant compte des besoins de chacun en plus, quand 60 personnes gravitent autour de moi et que mon organisation me demande d’être en réunion sur des comités de travail à raison de 20 heures par semaine? » - me disait un gestionnaire avant l’été. On le comprend! Son défi sera alors de s’entourer d’assistants, formels ou informels, qui eux, auront pour mission d’entretenir (en petites cellules fonctionnelles) une relation de qualité avec chacun des membres de l’équipe.
Le plus grand défi du gestionnaire en mode hybride sera de penser à tout le monde en continu alors qu’il ne verra en permanence qu’une partie de son équipe au bureau… et négliger ce défi n’est, à nouveau, pas une option si on veut que la gestion en mode hybride fonctionne!
Quatrième défi : Entretenir l’esprit d’équipe
La pandémie aura permis à certaines équipes de réinventer leur vie d’équipe en organisant une multitude d’activités sociales et/ou de développement en mode virtuel via leur plateforme collaborative. D’autres auront tout laissé tomber en attendant que le retour au bureau soit possible. Le gestionnaire d’une équipe en mode hybride devra se demander (avec l’aide de son équipe encore), comment entretenir cette vie d’équipe, avec tous, en continu : l’intégration d’une nouvelle à l’équipe, souligner les anniversaires, tirer des leçons en commun de la fin d’un projet, souligner un départ à la retraite, s’offrir un mini lac-à-l’épaule, bouger ensemble… . ce qui contribue à la force d’une équipe, c’est la qualité des relations qu’entretiennent ses membres entre eux. Il y a donc là un défi à garder dans le radar de tout bon gestionnaire d’équipe hybride!
L’automne 2021 sera, à nouveau, un immense laboratoire stimulant pour expérimenter, découvrir et peaufiner de nouvelles façons de faire en équipe et en gestion. Gardons en tête également qu’il est extrêmement positif de faire ces ajustements pour l’avenir, puisqu’ils contribueront au bien-être de chaque collaborateur et au plaisir de performer sainement en équipe! Alors… vous commencez par quel défi?
Mario Côté est conseiller en ressources humaines agréé et formateur agréé. Il possède une solide expérience en matière de gestion d’équipes de travail.
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