Un entrepreneur m’a déjà confié : « Au travail, les "bombes" peuvent arriver de partout, à tout moment. Quand j’arrive à la maison, j’ai besoin de me sentir à l’abri. »
Pour prospérer dans le monde volatile, incertain, complexe et ambigu actuel, les entrepreneur.es doivent non seulement faire preuve de résilience face aux défis, mais aussi cultiver un environnement de travail qui favorise la sécurité psychologique chez leurs collaborateurs.
Mais quand est-il de la sécurité psychologique du dirigeant lui-même?
La sécurité psychologique est le fait de pouvoir s’exprimer, de donner son avis ou de faire part de ses idées sans crainte de conséquences. Dans un contexte de travail, c’est la confiance qu’on peut être soi-même, c’est-à-dire proposer ses idées, donner son opinion, faire une erreur, se montrer vulnérable, demander de l’aide sans craindre d’être blâmé.e, déprécié.e ou rejeté.e. C’est aussi se sentir écouté.e, respecté.e et considéré.e.
Mais dans une société où le modèle de réussite en affaires demeure encore celui du « self made man/woman » fort.e, infatigable, déterminé.e, confiant.e et invincible, comment oser demander du soutien, reconnaître avoir atteint ses limites ou avouer s’être trompé.e?
Bien que des efforts soient de plus en plus palpables afin de vaincre les tabous reliés aux enjeux de santé mentale chez les entrepreneur.es, on est loin d’avoir réussi à faire émerger une culture entrepreneuriale favorable à la sécurité psychologique chez nos bâtisseur.euses.
Et pourtant. Cette notion revêt une importance cruciale chez les entrepreneur.es, car elle est étroitement liée à la capacité à prendre des décisions courageuses, à tolérer le risque, à gérer la pression et à innover.
Ainsi, l’entrepreneur.e se retrouve souvent dans un paradoxe : la posture qui lui permettrait de faire prospérer son entreprise tout en s’émancipant personnellement peut lui paraître inaccessible, voire à proscrire, selon les attentes sociales actuelles.
La sécurité psychologique se construit à travers nos contacts avec les autres. Si le développement de celle-ci peut parfois constituer un défi pour les entrepreneur.es sur le plan professionnel, il appert vital que ces dernier.ères consolident un espace relationnel sécurisant en dehors de leur travail. Le premier pas se trouve souvent de ce côté.
Prendre le temps d’investir ses relations personnelles est un levier important dans le développement d’un sentiment de sécurité psychologique chez les entrepreneur.es. Cultiver des liens positifs avec des personnes bienveillantes et compréhensives, éviter de s’isoler et rechercher les occasions de s’entourer, partager et communiquer ouvertement au sujet de ses expériences avec les autres sont quelques axes à explorer pour y parvenir.
L’humilité est le sentiment de sa propre insuffisance, de ses propres limites et la reconnaissance qu’on ne peut survivre sans la contribution de l’autre. Celle-ci est, fort probablement, la caractéristique la plus indispensable à développer chez un leader dans un monde instable comme le nôtre actuellement. Mais pour les raisons que j’évoquais précédemment, c’est également une des dimensions les plus ardues à cultiver dans notre société actuelle axée sur la performance à tout prix.
Il apparaît ici essentiel de spécifier qu’insuffisance ne rime pas avec impuissance. En réalité, l’humilité est un rempart contre l’insécurité personnelle. Lorsqu’on est conscient et qu’on accepte d’être incomplet seul en soi, on devient beaucoup moins à risque de s’effondrer lorsque viennent les critiques, les tempêtes ou les bombes. L’humilité permet de saisir pleinement que les échecs, tout comme les succès, ne se réalisent pas de façon relationnellement hermétique. L’autarcie entrepreneuriale n’existe pas.
Reconnaître sa propre imperfection est difficile. Alors pour avancer sur le chemin de l’humilité, un.e entrepreneur.e peut faire quelques premiers pas accessibles : reconnaître la contribution des autres au succès de son équipe, rechercher des talents complémentaires aux siens pour plus de complémentarité et de diversité dans le groupe et utiliser ses erreurs pour apprendre et être à l'écoute d'autrui.
Pour de nombreux entrepreneur.es, l’identité globale est en grande partie construite sur l’identité de l’entrepreneur.e. L’investissement, l’engagement et le dévouement requis pour entreprendre contribuent certes au surinvestissement de cette dimension, parfois au détriment des autres facettes de l’identité.
Ce mécanisme identitaire peut éventuellement engendrer des conséquences défavorables significatives et rendre l’entrepreneur.e vulnérable aux aléas mêmes de l’entrepreneuriat : quand ça va mal du côté de l’entreprise, rien ne va bien. Et cela devient certes très rapidement une grande source d’insécurité.
Alors, comment se sentir en sécurité quand tous nos œufs sont dans le même panier? En entretenant une identité personnelle distincte de son rôle professionnel et en cultivant une plus grande autonomie face à son identité entrepreneuriale.
Mettre en place des stratégies quotidiennes de déconnexion du travail, investir des loisirs et consacrer du temps à des activités personnelles satisfaisantes, développer des sources de valorisation autres que dans la sphère professionnelle et fréquenter des gens en dehors du réseau social entrepreneurial peuvent aider à prendre de la distance pour ne pas se laisser complète absorber par l’entrepreneur.e en soi.
« Nos bâtisseurs portent en eux l'espoir d'un monde enrichissant, stimulant et prospère. Les soutenir afin qu'ils puissent poursuivre cette quête tout en demeurant en santé est le moteur même de ma mission. »
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