Dès 2016, au Forum économique mondial de Davos, les décideurs et penseurs du monde entier nous avaient averti; Nous entrons dans l’ère de la 4e révolution industrielle. Le phénomène est tellement gros qu’il peut nous être difficile d’en mesurer les impacts sur notre travail quotidien. Nous avons tous entendu parler des révolutions industrielles qui ont marqué l’histoire économique mondiale. Pour la majorité d’entre nous, cela se résume à des anecdotes dans un cours d’histoire ou d’économie, et ceux qui ont vécu la plus récente révolution industrielle sont actuellement probablement à la retraite. Mais cette fois-ci, nous faisons partie de la population active qui sera au cœur de cette révolution. Compte tenu des impacts que cette nouvelle révolution aura sur le monde du travail, les praticiens et professionnels en ressources humaines sont des acteurs clés et stratégiques de cette transformation.
Cette nouvelle révolution industrielle est caractérisée par l’arrivée massive de nouvelles technologies dans nos entreprises. Lorsque l’on parle de bouleversements technologiques qui ont un impact sur le marché du travail, la première image qui nous vient en tête est souvent des robots qui nous remplaceraient dans notre travail…et ce n’est pas complètement faux. Bien sûr, on pense aux robots humanoïdes comme Atlas de Boston Dynamics ou encore H1 de Unitree, qui devrait être commercialisé cette année au coût de plus ou moins 150 000 $, mais cela concerne d’abord et avant tout dans le secteur manufacturier. L’autre technologie disruptive, c’est bien entendu l’intelligence artificielle, qui affectera tous les emplois, cols bleus comme cols blancs. On pourrait la qualifier de « robot de l’ombre », car même si elle n’est pas incarnée dans une machine humanoïde, l’IA nous remplacera bientôt dans la réalisation de plusieurs tâches. En fait, cette révolution est déjà en marche et nous utilisons l’IA tous les jours sans toujours en avoir conscience dans nos voitures, nos téléphones, nos ordinateurs, etc.
Ce qui fait de l’arrivée de ces technologies une révolution industrielle, c’est que nous ne sommes pas juste devant une évolution de nos méthodes de travail, nous sommes face à une transformation majeure. Pour reprendre les termes de Gemini, un changement est « une modification ponctuelle et généralement limitée ». Il peut s'agir d'une modification, d'un processus, d'une technologie, d'une structure organisationnelle ou d'une manière de faire les choses. ». Une transformation, selon la même source, « c’est un processus profond et holistique…[qui] implique un changement fondamental de la façon dont l'organisation fonctionne, pense et crée de la valeur ». Voilà qui définit bien ce qui nous attend en ressources humaines. Ainsi, il ne s’agira pas juste de s’adapter. Ces changements sont tellement significatifs que nous devrons transformer l’organisation du travail, de la séquence des tâches aux profils de compétences.
Il va de soi que cette transformation est plus complexe qu’un simple changement d’heure, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut cependant amorcer notre réflexion dès aujourd’hui, car transformer les pratiques en gestion des ressources humaines est toujours plus long que de transformer des processus. Il faut faire évoluer les humains et développer leurs connaissances et malheureusement, comme d’habitude, nous devrons construire l’avion en plein vol. Il faut dès aujourd’hui se faire un plan de match pour être prêt à tirer profit de cette nouvelle ère. Comme toute transformation, il s’agit d’un tremplin pour être plus performant en tant qu’organisation, mais les organisations qui n’emboîteront pas le pas risquent de disparaître. Souvenons-nous toujours du virage que Kodak n’a pas su prendre.
Il ne fait aucun doute que les ressources humaines sont au cœur de cette 4e révolution industrielle. Les enjeux dont il est question concernent le rôle des humains dans l’organisation. Le but de notre réflexion ne devrait pas être d’opposer l’un et l’autre ou encore de choisir l’un ou l’autre. Le défi qui nous est proposé est de repenser nos organisations pour maximiser les nouvelles technologies ET les capacités humaines.
Pour reprendre les propos de Andreas Schleicher, de l’OCDE (1), « …si nous avons peur que les emplois humains soient automatisés, […], pourquoi continuons-nous à apprendre aux enfants à penser comme des machines ? L'intelligence artificielle devrait nous pousser à réfléchir davantage à ce qui fait de nous des êtres humains. Sinon, le monde formera des robots de seconde classe et non des humains de première classe. » Nous devrions nous poser la question pour nos équipes. Si nous avons peur que nos équipes soient remplacées par l’IA, nous devrions dès aujourd’hui mettre en œuvre des stratégies pour s’assurer que nos employés joueront un rôle complémentaire à l’IA.
Comme pour tous les grands changements technologiques, cette nouvelle révolution industrielle pourrait faire des gagnants et des perdants. La grande différence, c’est que nous avons aujourd’hui des moyens et de connaissances en ressources humaines comme jamais auparavant et nous devrions donc être en mesure d’appréhender et de bénéficier de cette 4e révolution…quitte à se faire aider par l’IA.
Emilie est cofondatrice et rédactrice en chef du e-magazine FacteurH.com ainsi qu'animatrice de l'émission Web VecteurH.
Didier Dubois a cofondé HRM Groupe en 2006 qui s'est joint à Humance en 2023.
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