Au cours de ces quinze dernières années, la reconnaissance au travail a été essentiellement abordée sous l’angle de la gratitude. Les principales pratiques de reconnaissance que l’on retrouve alors dans les entreprises sont des remerciements, des félicitations, des remises de prix, voire des cadeaux. Pourtant, malgré ces programmes formels, beaucoup d’employés disent manquer de reconnaissance au travail.
Aujourd’hui, les attentes se transforment et les gens ne veulent plus simplement qu’on les félicite, ils veulent que l’entreprise les considère et leur permette de renouveler le rapport au travail.
Toutes catégories d’organisation et tous secteurs confondus, les salariés ne cherchent pas nécessairement à être placés sur un piédestal, ils veulent surtout qu’on sollicite leur intelligence individuelle ou collective tout autant que leurs compétences afin d’exprimer simplement le potentiel de progrès qu’ils portent en eux.
L’innovation participative : un boulevard
Une enquête internationale(1) auprès de 684 managers français, canadiens et américains a souligné, il y a quelques années, que la reconnaissance des idées est une des pratiques les moins présentes dans les organisations de travail. Quelle que soit leur localisation géographique, une minorité d’entreprises ont un programme structuré d’innovation participative dont l’efficacité résiste à l’usure du temps. Un tel programme constitue pourtant l’une des formes les plus concrètes de reconnaissance, qui permet, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, d’associer le management de proximité et de lui faire jouer son rôle d’animateur.
Quand on évoque l’innovation participative, on se situe véritablement dans une logique de bénéfices réciproques entre les salariés et leur entreprise : mobiliser les collaborateurs autour d’un objectif commun en les valorisant tout en se rapprochant de l’excellence opérationnelle.
(1) La reconnaissance, une question de culture? Christophe Laval, Revue Internationale de Gestion d’HEC Montréal, 2011.
L’association française Innov’Acteurs
Depuis 15 ans, l’association française Innov’Acteurs(2) rassemble les acteurs de l’innovation participative de 90 organisations adhérentes qui appartiennent au monde industriel, aux services, aux administrations, aux collectivités, et aussi au monde éducatif. Ceux-ci se retrouvent autour de retours d’expériences, de partage de pratiques et de professionnalisation.
Dans un livre consacré au sujet(3), sa présidente Muriel Garcia a décrit la démarche : « Dans Innovation Participative, il y a deux mots, le mot innovation qui invite à l’audace, la curiosité et à l’esprit entrepreneur, et aussi le mot participative qui évoque le management, les hommes et les femmes, leur motivation, leur envie de progresser et de s’impliquer dans leur entreprise ».
Un Référentiel de l’innovation participative ® a été élaboré par des praticiens de l’innovation participative, membres et partenaires d’Innov’Acteurs. Articulé autour de 7 dimensions interdépendantes(4), il vise à qualifier les éléments constitutifs et les modes de fonctionnement caractéristiques d’une démarche d’innovation participative.
Chaque année, les Trophées de l’innovation participative(5) valorisent les démarches spécifiques de promotion des capacités d’initiative et d’innovation au sein des organisations, et récompensent les démarches les plus inspirantes et performantes.
Un facteur clé de succès pour la performance économique et les transformations
La Fondation de Dublin dans son étude Work organisation and employee involvement in Europe(6) montrait combien l’intégration des salariés contribue à la performance économique des organisations et souligne qu’aujourd’hui, les marges de progression restent beaucoup plus importantes dans les pays européens latins que dans ceux de l’Europe du Nord. À titre d’exemple, seuls 31 % des salariés français déclarent pouvoir influencer les décisions qui sont importantes pour leur travail contre 40 % pour la moyenne des 27 pays de l’Union européenne.
De plus, l’innovation participative renforce considérablement les chances de mener à bien un programme de changement, ce qui n’est pas neutre quand on sait que seul un programme de transformation sur trois connaît un succès. Elle est un élément clé pour s’assurer que les organisations et leurs employés peuvent s’adapter et s’engager dans un changement sain et durable. Le récent ouvrage Workplace Innovation(7) souligne également l’importance de la relation entre innovation participative et bien-être au travail.
La reconnaissance des idées à travers l’innovation participative est donc une preuve supplémentaire que croissance, transformation et performance des organisations peuvent rimer avec qualité de vie au travail dans l’intérêt de tous!
(2) http://www.innovacteurs.asso.fr
(3) Innovation participative, remettre l’humain au cœur de l’entreprise, Muriel Garcia & Nadège de Peganow, Scrineo, 2012
(4) http://www.innovacteurs.asso.fr/linnovation-participative/initier-professionnaliser-et-animer/le-referentiel-de-linnovation-participative/
(5) http://www.innovacteurs.asso.fr/les-trophees-de-linnovation-participative/les-laureats/
(6) http://www.eurofound.europa.eu/pubdocs/2013/30/en/1/EF1330EN.pdf
(7) Workplace Innovation Theory, Research and Practice, Peter Oeij, Diana Rus, Frank Pot, 2017
Christophe Laval est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et licencié en droit de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
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