On dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Ce proverbe m’a toujours fait un peu grincer des dents. Comme si l’on ne pouvait inverser les rôles et dire que derrière chaque grande femme se cache un homme! Et pourtant, à la mi-quarantaine, après avoir fait un bilan estival personnel et professionnel, je réalise que ce n’est pas loin d’être mon cas… Je joue naturellement un rôle de second violon dans ma vie personnelle et professionnelle.
Pourtant, du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir une gestionnaire, une présidente, une femme de tête. À la fin du primaire, je me rappelle même avoir rêvé en secret qu’une fois adulte, je travaillerais comme dirigeante au sein d’une compagnie dans un immense gratte-ciel d’une grande ville comme Montréal, Paris ou New York. Je m’imaginais libre et influente, au volant d’une décapotable rouge, propriétaire d’un golden retriever, vêtue d’un chic tailleur complété par des talons hauts! Je croyais que je me réaliserais ainsi!
La vie en a été tout autrement pour moi! J’ai certes étudié pendant plusieurs années. J’ai même corédigé un essai sur la réalité des femmes dirigeantes et j’ai longtemps été convaincue que je serais un jour une femme d’affaires, une gestionnaire, et ultimement, une patronne. Cependant, après mes études, j’ai décroché des postes de conseillère, j’ai eu deux magnifiques enfants et j’ai vécu en banlieue. Je n’ai pas été gestionnaire, dirigeante ou patronne de qui que ce soit. Je n’ai pas eu de décapotable ou de chien. Mais des talons hauts, ça oui!
C’est donc en prenant mon café matinal sur le quai au chalet que je me suis mise à repenser à mes rêves de jeunesse. Maman de 2 + 2 enfants dans une famille recomposée que j’adore et consultante en psychologie, je fais le constat que je suis heureuse, comblée, privilégiée et accomplie! Mais où sont donc passés mes rêves de l’époque? Me suis-je égarée en chemin? Ou ai-je simplement réussi à me réaliser par des moyens plus en harmonie avec mes talents? Et dites-moi, qu’y aurait-il de mal là-dedans? Quels sont les autres choix que d’être gestionnaire, si l’on souhaite exercer une forme d’influence? Quelles sont nos autres options pour nous accomplir? Peut-on faire preuve de leadership sans être gestionnaire? A-t-on besoin d’un poste d’autorité pour démontrer du leadership?
Je suis alors tombée sur l’édito du mois d’août de L’effet A (une initiative qui vise à propulser l’engagement professionnel des femmes) qui a poussé mes réflexions encore plus loin grâce à un article vraiment intéressant intitulé « Do Women Lack Ambition? » d’Anna Fels (2004). « Cette lecture » m’a permis de réaliser que mon choix de carrière n’est pas un enjeu d’oubli de mes rêves ni un manque d’ambition. C’est plutôt parce que j’ai découvert avec le temps que mes talents sont davantage liés à la relation d’aide, au support, à mon instinct maternel et à mes qualités de femme aidante et attentionnée. Au fil des années, ces traits qui me définissent ont simplement pris le dessus sur mes ambitions de gestion.
En fait, je crois qu’il est important ici de faire la différence entre leader et gestionnaire, car en réalité je crois que je confondais leadership et posture de gestion.
Selon Jean-Herman Guay, Ph.D. de l’Université de Sherbrooke, « le leadership définit la capacité d’un individu à mener ou conduire d’autres individus (…) dans le but d’atteindre certains objectifs. On dira alors qu’un leader est quelqu’un qui est capable de guider, d’influencer et d’inspirer. Un leader se distingue d’un gestionnaire ou d’un décideur, lequel a des capacités pour l’administration, sans pour autant « mener » le groupe (…) à un autre stade de son développement. Un bon gestionnaire peut être un leader, mais les deux qualités ne sont pas automatiquement liées. »
De plus, un rapport que j’utilise en gestion de carrière, conçu par Hogan (2017) et distribué par D-TECK, qui s’intitule les « Dimensions du leadership », démontre qu’il existe six types de leaders :
Ce rapport nous permet de détecter et de constater que « Chaque leader possède un ensemble de qualités qui lui sont propres et qui définissent sa façon d’interagir avec les autres, de traiter l’information, d’effectuer des tâches, d’établir des priorités et de diriger des équipes. Ces qualités influencent la capacité à maintenir de bonnes relations interpersonnelles et à mener une carrière couronnée de succès en tant que leader. » Intéressant, non?
Le leadership ne se résume donc pas uniquement aux résultats, aux processus, aux données ou à la réflexion. Le leadership est complexe. Selon le contexte, nos priorités, nos talents, notre réputation ou même notre influence, le leadership demande d’être réfléchi. Henry Mintzberg, Daniel Goleman, Simon Sinek, Brenée Brown et bien d’autres auteurs traitent aussi abondamment du leadership sous toutes ses formes. Et bien d’autres auteurs proposent d’autres théories, modèles ou formes de leadership basés sur leurs recherches.
Par mes réflexions estivales, j’ai donc réalisé que mon type de leadership est tout bonnement axé sur les personnes et les rapports sociaux. Je souhaite avoir une forme d’influence humaine et un leadership relationnel dans mon milieu professionnel, et ce, sans nécessairement être gestionnaire.
Mais au final, tout ça n’est pas qu’une affaire de femmes… N’est-ce pas messieurs?
Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.
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