Rendre ses équipes plus créatives : de nouvelles approches - François Chauvin
L’époque que nous traversons a plus d’un paradoxe.
- Le besoin d’être créatif n’a jamais été aussi élevé. Il ne s’agit pas d’innover dans un monde stable, mais de tracer sa voie dans un monde résolument VUCA, c’est-à-dire d’intégrer complètement la créativité dans la gestion courante de son activité professionnelle.
- En même temps, ce même monde, par le lot de craintes qu’il suscite ne pousse pas la majorité des collaborateurs à être créatifs. Bien sûr, il y a toujours des milieux créatifs, il y a également des collaborateurs dénommés maintenant à haut potentiel intellectuel qui vont se trouver stimulés par ce qui se passe en ce moment, mais cela reste une minorité.
Alors, comment rendre les équipes plus créatives aujourd’hui?
1) Faire simple
Pour faire du vélo, il n’y a pas besoin de connaître la théorie du roulement à billes. Si je prends l’exemple de la chaussure masculine, des trésors d’imagination et d’intelligence se retrouvent autour de 2 ou 3 formes : Richelieu, Derby... Qu’est-ce qu’il y a à savoir sur les moyens d’être plus créatifs pour des collaborateurs non spécialistes : qu’il y a une phase de divergence puis une phase de convergence. Que l’on peut trouver des idées nouvelles en faisant des associations forcées. Qu’est-ce qui est important de savoir pour une entreprise sur les processus créatifs? Que ce soit le design thinking, le Creative problem solving ou des systèmes plus anciens comme l’analyse de la valeur c’est la maîtrise de l’outil, la fluidité avec laquelle on arrive à le faire fonctionner qui comptent plutôt qu’il soit dernier cri.
2) Faire vivre l’expérience créative
Mauvaise nouvelle, nous avons une tendance à l’inertie et au fonctionnement automatique, ce point a été mis en évidence bien avant les neurosciences. Il y a donc un besoin de stimulation pour développer la créativité : amener l’inattendu, faire des pauses qui sortent du cadre, se lancer des défis créatifs… Pour reprendre l’image du vélo, les premiers mètres peuvent être un peu chancelants. C’est avec la joie d’avoir parcouru un itinéraire riche de sensations et d’apprentissages que l’on peut reprendre son vélo un peu plus souvent.
3) Prendre en compte la palette entière des manières d’être créatifs
Certains ont besoin d’être en zone de confort, d’autres ont besoin d’en sortir. Certains ont besoin d’être mis sous pression, d’autres ont besoin de ralentir voire d’émerger des idées différentes. Certains savent partir de la feuille blanche, d’autres ont besoin d’être guidés et révèlent leur créativité dans la confrontation aux obstacles. Autant éviter de générer de faux débats sur une manière standard d’être créatifs et aller à la pêche aux informations en demandant aux personnes concernées les conditions dans lesquelles elles peuvent plus facilement être créatives. Si les activités extraprofessionnelles peuvent être abordées, il y a bien des chances que leur processus créatif soit le même en situation professionnelle.
4) Oser et faire
S’il y a un sujet sur lequel le niveau d’exigence doit être élevé, c’est bien celui-là. La créativité mal comprise peut être un moyen détourné pour ne pas faire : s’il ne s’agit que de quelques idées consensuellement disruptives pour réenchanter le quotidien, il y a une forte contradiction de sens avec le besoin très opérationnel d’être plus créatif. Ce qui est en jeu dans la créativité, c’est l’émotion, la mise en mouvement qui conduit à une modification du geste professionnel. D’où l’intérêt de la stratégie des petits pas, d’où l’importance de la reconnaissance et des rituels de célébration par rapport à des avancées créatives.
5) Être spécifique pour le cadre
Oui, il y a besoin d’un cadre pour être créatif. L’environnement VUCA. En revanche, un manager peut fixer le cadre pérenne et sécurisé dont les collaborateurs ont besoin pour être créatifs au quotidien.
En synthèse de cet article, le cadre peut être construit avec les collaborateurs et prendre en compte les éléments suivants :
- Les domaines où les idées créatives peuvent être plus facilement accueillies et pourquoi, les collaborateurs ont besoin de points de repère dans cet environnement VUCA, en laissant la porte ouverte à d’autres initiatives.
- Les conditions d’émergence de la créativité, qui sont la somme des besoins individuels; cela nécessite de faire des arbitrages entre les besoins des amateurs de plantes vertes, de la couleur mauve, des silencieux, des butineurs. C’est aboutir à un consensus forcément évolutif sur ce qu’il faut mettre en place et ce qui est à éviter pour rendre l’équipe créative.
- Les conditions de mise en œuvre. Entre les contraintes de temps, de budget, de disponibilité mentale, il s’agit là de mettre en place un processus simple pour examiner ce qui est advenu des idées créatives, pour valoriser les avancées.
François Chauvin intervient comme formateur, conseil et coach et est expert du réseau Germe.
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