Mon fils de 16 ans a récemment pris la décision de changer d’équipe sportive. Après quatre années de vie, d’expériences et de souvenirs avec ses coéquipiers, il a fait un choix déchirant en prenant une décision qui aura un impact sur son avenir. C’est après plusieurs réflexions, essais, remises en question, discussions avec ses amis et avec des gens de son entourage qu’il respecte, qu’il a réalisé qu’il ne se sentait plus engagé envers son équipe. Choisir, c’est renoncer! Il a alors osé annoncer à son « coach » qu’il quittait l’équipe. Il a renoncé pour avancer autrement, ailleurs et mieux pour lui. Plusieurs raisons l’ont amené à prendre cette grande décision. Il était peut-être un joueur pivot pour cette équipe, mais force est d’admettre que le sentiment d’appartenance n’y était plus. Je suis fière de lui, de sa réflexion et de son courage.
Je constate que plusieurs personnes vivent la même chose que mon fils dans le cadre de leur emploi. La fameuse « grande démission » dont on entend parler et qui est le sujet de plusieurs articles sur les médias sociaux actuellement pourrait-elle être en lien avec ce sentiment d’appartenance perdu? Ne plus voir ses collègues quotidiennement et être à la maison à temps plein ont définitivement affecté l’allégeance de certains employés envers leur équipe ou leur organisation. Évidemment, la quête de sens, les valeurs qui nous mobilisent et le besoin de revoir nos priorités ont aussi nourri les réflexions de carrière de plusieurs dans le contexte pandémique, mais selon moi, il n’y a pas que cela… Appartenir à plus grand que soi, avoir l’impression de pleinement contribuer à une organisation et avoir le sentiment d’être indispensable en ont pris un coup pour plusieurs, que ce soit sur les bancs d’école, dans les équipes sportives ou dans les entreprises.
Mais tout d’abord, qu’est-ce que le sentiment d’appartenance? Selon la Direction des services aux étudiants de l’Université Laval : « Il se construit peu à peu, par le partage avec d’autres d’une même réalité, de mêmes valeurs ou de mêmes objectifs. Il aide à forger son identité, il donne envie de donner le meilleur de soi-même et de se sentir fier de faire partie d’un groupe. » Reste alors la question qui tue : à qui la faute de la perte du sentiment d’appartenance? J’entends ici ma mère dire qu’une chicane, ça se fait à deux! Loin de moi l’envie de jeter la pierre à qui que ce soit. Le contexte et les circonstances peuvent facilement nourrir cette perte d’appartenance dans une équipe. J’ai d’ailleurs la certitude que le sentiment d’appartenance est une danse qui se danse à deux. J’oserais même dire à trois! Il n’appartient pas qu’au leader de développer ce sentiment, mais bien à l’individu d’y contribuer et à l’équipe entière de le renforcer. L’interdépendance, l’adhésion et l’affiliation se créent à l’intérieur de ce triangle (employé, gestionnaires et collègues) et doivent être nourries par cette triade.
Alors, comment réussir à recréer le sentiment d’appartenance? Je vous suggère sept pistes inspirées de conversations dans mon entourage professionnel :
1. Tout d’abord, il importe de comprendre et d’adhérer à la mission, à la vision et aux valeurs de l’organisation. Pour développer un sentiment d’appartenance à notre organisation, il est nécessaire que notre identité soit en phase avec celle de l’entreprise. La détermination d’objectifs communs nous permettra ensuite de ramer dans la même direction!
2. Ensuite, il est essentiel de sentir que l’on contribue pleinement à l’évolution de l’organisation, d’avoir l’impression ou encore mieux d’être certain que nous sommes une part entière de l’équipe, que nous sommes indispensables comme individu, comme joueur ou comme contributeur au succès et à la réussite. En somme, on cherche à ce que notre travail contribue à améliorer et à faire évoluer l’organisation.
3. Aussi, quoi de mieux que d’apprendre à faire face aux difficultés avec ses collègues pour développer l’affiliation? Effectivement, il est primordial de réussir à relever des défis ensemble, en équipe! Ça prend donc un défi commun pour réussir à se serrer les coudes et à traverser la turbulence ensemble.
4. La confiance est l’un des ingrédients essentiels au sentiment d’appartenance. Avoir la conviction que l’on peut s’appuyer sur les autres, en toute confiance, est une priorité pour développer le sentiment d’appartenance.
5. La reconnaissance est aussi un ingrédient essentiel au développement du sentiment d’appartenance à une équipe. Reconnaître les succès de l’équipe, tout comme reconnaître les succès des individus qui la composent, est vital pour développer un sentiment d’appartenance.
6. Prendre le temps de développer chacun des membres de l’équipe, individuellement et collectivement, est un gage de réussite pour le développement d’une équipe. Connaître les forces et les zones d’ombre de chacun, et combler les écarts entre nous, permettent de performer ensemble!
7. Et finalement, se reconnaître parmi les membres de l’équipe. Sans être tous identiques (car la différence crée elle aussi des avantages dans une équipe), sentir que nous sommes avec des semblables, que nous côtoyons des gens qui nous ressemblent, qui ont des intérêts, des objectifs ou des goûts similaires, aide à développer le sentiment d’appartenance.
Mon dernier constat est que le sentiment d’appartenance est constamment en mouvement. Il évolue, se transforme, change de direction et est vivant! On peut avoir l’impression d’appartenir à un groupe pendant un certain temps, faire partie d’une équipe pendant une période indéterminée, puis tranquillement perdre ce même sentiment, comme si la vie nous avait amenés vers des chemins différents. Je pense que c’est ce qu’a vécu mon fils. Pendant quatre ans, il a évolué au sein d’une équipe qu’il aimait, respectait et valorisait. Pendant toutes ces années, il était particulièrement attaché à ses coéquipiers. En revanche, à l’aube de sa vie de jeune adulte, il a changé et a ressenti le besoin d’aller voir ailleurs pour évoluer. Il a développé un sentiment d’appartenance envers un autre groupe, une autre équipe, et il a fait un choix pour lui, pour combler ses besoins face à son avenir. Pour moi, développer son identité personnelle et professionnelle, c’est évoluer et apprendre à faire des choix éclairés qui respectent nos valeurs. Le développement du sentiment d’appartenance serait peut-être l’une des clés pour arriver à se transformer dans ce nouveau contexte de travail hybride. Qu’en dites-vous?
Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.
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