Diego est un représentant SST très motivé, nommé depuis peu dans la foulée des actions visant la conformité à la modernisation du régime SST. Il va souvent voir le responsable RH à l’improviste pour lui faire part de suggestions, de situations qu’il perçoit comme dangereuses, du point de vue du personnel.
Le responsable RH relaie diligemment ces informations aux gestionnaires, par courriel ou quand il les croise dans le corridor. Comme il n’en entend plus parler par la suite, le responsable RH se dit que tout est réglé!
Sauf que… depuis un moment, le ton de Diego a changé. Il est plus sec, plus incisif, plus impatient. Les mêmes points sont mentionnés à nouveau, signe qu’ils n’ont pas été traités. Le responsable RH retourne « picosser » les gestionnaires.
Gestionnaires : Mais oui, mais oui, on y arrive!
Responsable RH : Vous ne pouviez pas faire un suivi avec moi?
Gestionnaires : On a autre chose à faire que des suivis, nous! Et occupe-toi de Diego, il commence à nous tomber sur les nerfs.
Responsable RH : Ok, ok, je le mentionne à Diego.
Les jours passent. Le silence règne, autant de la part de Diego que des gestionnaires. Soupirs…
Un jour, le responsable RH reçoit un appel d’un inspecteur de la CNESST. Apparemment, il y a plusieurs situations dangereuses dans l’entreprise et il aimerait en parler avec lui.
Lorsqu’il prend connaissance des points qui préoccupent l’inspecteur, surprise! Ce sont des situations que Diego avait relevées. Hasard ou fuite?
Dans tous les cas, les gestionnaires sont sur les dents. Un inspecteur sera désormais sur les lieux pour valider l’avancement du travail pour un long moment.
Diego jubile, les gestionnaires fulminent. Ça promet pour la suite et les relations de travail. Et que dire des discussions SST à venir?
C’est effectivement l’un des rôles du représentant SST : porter plainte à la CNESST.
Ici, l’organisation a elle-même créé son problème : manque de communication et laisser-aller forment un cocktail explosif en SST. C’est pourquoi les mécanismes de participation comme le représentant SST (ou agent de liaison) et le comité SST peuvent soutenir la prise en charge SST de plusieurs façons :
Mais encore faut-il se donner des conditions de succès!
Dans certaines organisations, le fameux « cadre de porte » est souvent le lieu privilégié pour traiter des dossiers de manière expéditive et spontanée (« On n’est pas médecin, mais on opère, hein? »). Cependant, ce passage reste trop éphémère pour garantir une efficacité constante.
Discutez dès le départ des canaux de communication requis (verbal, écrit, plateforme, moyens, fréquence et type des rencontres, traitement des urgences, procédures requises, etc.), tout en vous assurant de demeurer accessible.
N'oubliez pas non plus qu'en filtrant les questions, demandes et suggestions auprès des membres du personnel, ainsi qu’en étant une source d’information crédible, le représentant RH facilite aussi le travail des gestionnaires. On diminue ainsi les plaintes, les recours et les incompréhensions.
Aidez votre représentant à vous aider. Des points relevés à la volée ne font qu’ajouter au chaos ambiant. Oui, c’est de la SST. Ça ne veut pas dire qu’il s’agit d’une urgence nationale. Vous devez avoir des processus, des façons de travailler pour traiter le travail requis, les demandes, etc. Implanter une inspection structurée des départements, avec des échéances et des grilles établies, ainsi que des comptes-rendus, vous aidera aussi à faire un suivi et à maintenir une bonne communication.
Vous dites blanc, il répond noir. Vous parlez de « sécurité des machines », il aborde la « santé mentale ». Résultat? Le seul changement, c’est le ton qui s’élève. Un facteur de succès important ici est d'articuler une vision commune de la SST ainsi que des priorités et des objectifs SST, pour orienter le travail dans la même direction. La compréhension des stratégies SST et la fixation d'un point de départ commun sont aussi cruciales pour avancer de concert.
Comment peut-on créer une culture SST positive si les couteaux volent bas? Les bottines doivent suivre les babines… des deux côtés! Également, en établissant une relation de confiance avec votre représentant SST, vous créerez ce même sentiment chez les autres membres du personnel. La SST sera mieux perçue, mieux vécue, et votre culture SST en sortira plus positive.
Vos mesures de prévention seront aussi mieux comprises et mieux appliquées, et vous verrez davantage de comportements sécuritaires.
Et bien entendu, si vous voulez construire et maintenir une bonne alliance, n’hésitez pas à reconnaître son travail!
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