Le marché du travail québécois traverse une période de transformation profonde, marquée par une population en croissance rapide, une pénurie de candidatures qualifiées et des défis économiques et politiques. À cela s’ajoute l’impact de l’intelligence artificielle, qui modifie les dynamiques du recrutement. Dans ce contexte, une question fondamentale émerge : comment réinventer les processus de recrutement pour attirer les bons talents et favoriser une meilleure adéquation entre employeurs et personnes en recherche d’emploi? L’un des principaux enseignements du rapport Un recrutement plus intelligent grâce à des analyses fondées sur les données est sans équivoque : le recrutement traditionnel, centré sur des critères classiques comme les diplômes et les années d’expérience, doit faire place à une approche davantage centrée sur les compétences réelles des individus.
Le recrutement est devenu un défi aussi bien pour les employeurs que pour les personnes à la recherche d’un emploi. En effet, bien que la majorité de ces dernières (70 %) déplorent un manque de rôles de qualité, un nombre significatif d’employeurs (36 %) rencontrent des difficultés pour trouver des candidatures qui répondent aux critères de sélection. L’enquête réalisée par Indeed entre le 21 juin et le 12 juillet 2024 dans plusieurs pays, dont le Canada, montre un fossé croissant entre les attentes des personnes à la recherche d’un emploi et celles des recruteurs. Le problème, au fond, ne réside pas dans un manque de candidatures, mais dans l’incapacité à relier efficacement les bons profils aux bons rôles.
L’une des principales conclusions du rapport nous indique que les compétences et l’expérience sur le terrain pèsent désormais davantage que les qualifications traditionnelles, comme les diplômes. Selon l’enquête, 53 % des recruteurs et 70 % des personnes en recherche d’un emploi au Canada considèrent que l'expérience professionnelle pertinente est un indicateur clé de la qualité d’une embauche, loin devant les diplômes ou l’ancienneté dans un domaine. Les employeurs canadiens, qui adoptent une approche axée sur les compétences, rapportent des résultats très positifs. Par exemple, 30 % d’entre eux constatent une amélioration de la qualité des candidatures, de la rétention des talents et de la satisfaction générale des employés. Cette approche a également un impact significatif sur la diversité et l’inclusion dans les entreprises, avec 65 % des recruteurs affirmant que cette méthode améliore la diversité au sein de leurs équipes.
Le recrutement axé sur les compétences va bien au-delà de la simple considération des qualifications académiques et des années d'expérience. Il s’agit d’une approche qui permet d’identifier les talents sur la base de leurs compétences fondamentales et transférables, adaptées aux exigences du poste. En plus de renforcer la qualité des embauches, ce modèle favorise une main-d’œuvre plus diversifiée et mieux adaptée aux défis contemporains.
Ainsi, les employeurs qui ont adopté cette approche bénéficient de résultats tangibles, comme l’amélioration de la rétention (30 %) et une plus grande satisfaction des équipes (26 %). De plus, en mettant l’accent sur les compétences, les entreprises se positionnent comme plus inclusives, en attirant une plus large variété de candidatures, y compris celles avec des parcours moins conventionnels.
Malgré les avantages évidents du recrutement axé sur les compétences, un obstacle majeur persiste : la lente adoption de ce modèle par de nombreuses entreprises. Bien que 59 % des recruteurs canadiens reconnaissent l’importance de ce changement, seulement un quart (25 %) d’entre eux prennent réellement des mesures pour examiner les candidatures en fonction de leurs compétences spécifiques. En outre, peu d’employeurs ont supprimé des critères obsolètes, comme les exigences de diplômes ou les années d’expérience. Cela soulève une question essentielle : pourquoi cette réticence à évoluer, malgré des avantages clairs? Les responsables du recrutement, souvent en surcharge de travail, manquent d’outils efficaces pour évaluer les compétences des candidatures. L’absence de technologie adéquate et le manque de temps pour mener des évaluations approfondies sont des freins importants à la mise en place de ce changement de mentalité.
L’intelligence artificielle (IA) peut jouer un rôle décisif pour aider les recruteurs à combler ce fossé. Effectivement, l’IA aide à mettre en évidence les compétences clés, à évaluer rapidement les candidatures et à surmonter les défis liés aux critères classiques souvent non pertinents.
Le rapport d’Indeed sur le recrutement intelligent met en évidence la nécessité pour les recruteurs d’adopter une approche centrée sur les compétences plutôt que sur les diplômes et l’expérience. Ce changement est crucial pour améliorer la qualité des embauches, favoriser la diversité et garantir une meilleure rétention des talents. Les entreprises doivent comprendre l’importance de cette approche et investir dans des outils technologiques pour rendre le recrutement plus rapide, efficace et équitable, tout en s’adaptant à un environnement en constante évolution.
Pour en savoir plus sur cette nouvelle approche du recrutement au Canada, consultez le rapport Un recrutement plus intelligent grâce à des analyses fondées sur les données.
Stepan Arman est directeur principal des ventes, Québec, chez Indeed.
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